Christian Grugeon

PORTRAITS DE TABLEAUX

« J’ai vécu avec ce poster pendant toutes mes année d »étude« .
« En montant l’escalier, au 2ème étage du musée sainte Sophie à Madrid, mon fils et moi nous avons eu le même choc face à ce tableau« .
« J’adore le cou de la jeune fille de dos dans « Les 2 cousines » de Watteau« .
« L’école d’Athène me provoque une grande émotion doublé d’un grand choc intellectuel ; j’ai besoin de le voir tous les jours« .
Mes commanditaires me donnent la direction à suivre pour traduire ce lien si ténu qui les relient a une œuvre. Au delà de la vérité d’un geste pictural, il y a dans l’acte de copier un tableau de maître, l’idée de se rapprocher de l’émotion du premier spectateur. Comme du portrait, ce n’est pas la vérité de la ressemblance qui compte c’est la traduction de la personnalité d’une œuvre.

Un chef-d’hœuvre ne se laisse pas faire, il faut donc se mettre dans l’état le plus proche possible du créateur. Comme il l’a fait, étaler de la pâte rouge au couteau ; mélanger les couleurs à même la toile ; projeter de la matière ; travailler avec un pinceau
minuscule. Tout cela aide à s’en rapprocher.
Lorsque l’élève de Rembrandt a peint l’homme au casque d’or il était déjà un copiste de sa « manière ». C’est à cause de cela qu’il à réussi à tromper les experts pendant 3 siècles. Mais il était si proche du maître…

Petit à petit, en cours d’exécution une filiation se dévoile, la ressemblance voit le jour, l’imperfection du geste s’accorde avec le maître, il la tolère puisque l’intention est bonne, on sent que la communication passe à travers les siècles. La copie surgit de la même matière qui a vu naître le chef-d’œuvre.
Si tout se passe bien, un transfert s’opère de l’original sur la copie.
L’objet obtenu possède une charge multiple. Il s’enrichit de sa filiation, mais garde son autonomie de par sa relation avec son spectateur privilégié qui vit chaque jour le souvenir d’un instant qui lui appartient.